Actuellement au Palais de la Régence, et jusqu’au 28 juillet, l’exposition « Vivre en temps de guerre des deux côtés du Rhin 1914-1918 » est plus que l’une des multiples initiatives sur le sujet qui émaillent la commémoration du centenaire de la Grande Guerre. L’exposition « Vivre en temps de guerre des deux côtés du Rhin (Un regard transnational sur la guerre de 14-18 » a été créée il y a trois ans, en trois exemplaires, à l’initiative conjointe des archives de Karlsruhe (Generallandesarchiv) et de Freiburg in Brisgau (Staatsarchiv), des archives départementales du Haut-Rhin, avec l’appui du Comité du Monument National du Hartmannswillerkopf. Elle tourne en France et en Allemagne et présente un autre regard sur ce que fut cet horrible épisode de l’Histoire. Cette vision forcément plus lucide puisque transnationale, exigeante tant dans la forme que dans le fond, riche en divers documents, permet d’approfondir l’étude de ce conflit d’une grande violence, qui fit plus de 2 millions de morts chez les soldats allemands et près d’1,5 million côté français. Développée en huit thématiques, elle a été présentée récemment aux élus et personnalités par Laëtitia Brasseur-Wild, archiviste aux archives départementales de Colmar et commissaire de l’exposition. Elle a insisté sur le fait que ce regard est celui de personnes connues (on y retrouve par exemple le célèbre Hansi, figure francophile) mais aussi des témoignages d’inconnus comme les soldats Dominique Richert, devenu pacifiste après la guerre, ou Henri Eschbach, qui décrit ses conditions de vie dans des lettres à sa mère. Le regard se fait pluriel et presque exhaustif en ce qui concerne cette vie en temps de guerre : société militarisée, déclenchement de la guerre et front des Vosges, les soldats, blessures de guerre des « Gueules Cassées » et captivité, population civile, femmes et enfants, la guerre totale, la fin de la guerre sont les huit chapitres à parcourir. Le dernier évoque les armes, enfin déposées le 11 novembre, l’abdication le 22 novembre du Grand-Duc Frédéric II ; mais la guerre ne fut jamais achevée pour les victimes dans l’esprit desquelles elle perdura (comme le montrent par ailleurs si bien les tableaux d’Otto Dix, traumatisé à jamais par ce qu’il avait vécu sur les champs de bataille avec « Pragerstrasse » et « Die Skatspieler » notamment, ndr ). En Alsace, novembre 1918 marqua aussi un nouveau changement d’appartenance nationale puisque, après 47 ans de domination allemande, l’Alsace revenait à la France ; un bouleversement radical dans de nombreux domaines de la vie quotidienne ( bouleversement, faut-il le rappeler, que vivront à l’inverse les Alsaciens lors de la Seconde guerre mondiale, comme l’a si bien traduit Tomi Ungerer dans ses dessins, ndr ). |